Expésauvages et bivouac « Sans Trace » : un pacte avec les rivières

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Le Bivouac Sans Trace

Lise Durantou (La Pagaie Sauvage) et Frédéric Gilbert (PNRLG)
 
Avez-vous au cours d’une expédition déplacé un caillou pour poser votre tente, laissé un déchet organique car il se dégradera..?

Vous êtes-vous dit que ce petit geste n’aurait sûrement pas ou peu d’effets sur la nature ? Et bien si !

C’est pourquoi le programme « sans trace » ou « Leave no Trace » tend à s’imposer dans le monde du bivouac et de la randonnée. Une idée venant d'Amérique qui nous inspire, encore et toujours, mais dans une certaine mesure, car les fédérations et les parcs jouent un rôle non négligeable en France à ce sujet. Notre idole en la matière : Le Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne (PNRLG).

D'ailleurs, si vous ne les connaissez pas, allez vite visiter leur parc, traversé par le fleuve Leyre (ou l'Eyre) ! L'objectif de leur démarche : favoriser des comportement qui réduisent au maximum l'impact environnemental des loisirs de plein air.

Pour en savoir plus sur le bivouac sans trace, en voici les étapes clés :
 
 
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8 principes


1. Point de départ : Préparez-vous et prévoyez



Pour commencer, reprenons les bases. Si vous souhaitez partir en bivouac ou en camping sauvage, la réglementation doit être respectée. Elle existe non seulement pour protéger la nature, mais aussi les usagers. Et aussi, la propriété privée. Eh oui, quand on s’pose quelque part, on est toujours chez quelqu’un !! À prévoir également : les particularités de la région et toutes les éventualités qui pourraient survenir. Ici le risque incendie, là, les battues de chasse, ou par ici encore les bestioles ingrates. Ce ne sont que des exemples… à ne pas à négliger tout de même ! Rien ne doit vous échapper ! Car on le sait tous, la préparation, c'est le plus long. Mais préparer c’est déjà voyager. Faire le choix du matériel, en fonction du mode d'itinérance, de son budget, et de ses exigences en termes de confort (eh oui... c'est qu'on a plus 20 ans !).

Petit-tips : Boussole, carte ou technologie avancée pour se repérer : pour éviter les montjoies ou autres marques susceptibles de dégrader le milieu. Et ne pas oublier une petite pelle !

Gros-tips : Pour préparer une itinérance zéro-déchets d'un week-end, balisez vos soirées la semaine précédente. Au programme : déshydratations, fermentation, séchage pour fabriquer vos propres petits plats. Fricò !

2. Utilisez des surfaces durables



Favoriser les sentiers et les espaces reconnus est un gage non seulement de sécurité, mais aussi de sauvegarde des zones plus sauvages, qui ne sont pas ravies à l'idée d'accueillir vos traces de pas. En clair, évitez vraiment le hors-piste et restez dans les traces existantes, même si cela rallonge un peu... Si possible, vous positionnerez votre tente sur des dalles rocheuses, le gravier, l’herbe sèche ou la neige, et à plus de 70 mètres des étendues et des cours d'eau.. Laissez en paix les espaces bien enherbés, certes moelleux, mais si riches et sensibles aux tassements !

Tips : Une alternative à la tente classique est la tente suspendue (résultats de nos tests dans cet article) avec des accrochages malins et éphémères pour ne pas endommager les arbres supports, bien sûr.

Hola : Nombreux sont les exemples à ne pas suivre donnant lieu à des photos de rêves sur les réseaux, et nombreuses seront les personnes tentées de faire communion avec Dame Nature à l'image de ces clichés. Ce n'est pas une bonne idée.


3. Gérez vos déchets



Rapportez-les tous (c’est notre histoire, ensemble pour la victoire...). Organique ou non, tout déchet laissé dans la nature peut y porter atteinte. Vous n’y pensez peut-être pas avec votre peau de banane, mais pensez à l’accumulation de centaines de peux de bananes : ça ne fait tout simplement pas rêver. La gestion des déchets est primordiale ; un déchet plastique peut se dégrader en microplastiques puis nanoplastiques et polluer tout un écosystème. Ah... au fait ! Astuce de base : Ne les emportez pas ou vraiment le moins possible. En clair, sortez tous vos emballages avant le départ et conditionnez vos aliments dans des boites plastiques.

4. Laissez les lieux intacts



Que ce soit les bâtiments historiques et culturels, les plantes, ou les pierres, chaque objet peut avoir une fonction dans l’écosystème et doit être protégé. Ainsi donc, aucun prélèvement sur place. Embarquez vos souvenirs et l’esprit des lieux. Tout au plus, faites des images, cela prend peu de place et ne laisse pas de trace... sous réserve de sortir la fonction géolocalisation de votre smartphone. Pensez-y, les effets induits peuvent être si néfastes pour certains sites.... Utilisez pour votre toilette des produits biodégradables et naturels. Cela va de soi, maaaiiiissss on le redit quand même...

Hep, hep, hep ! On ne se lave pas les dents directement au niveau d’un point d’eau au risque de le contaminer, mais à une certaine distance (oui, même si votre dentifrice et fait de poudre de perlin-pinpin). Euh… et si on parlait pipi-caca ? Ben oui, faut bien. Inévitable au bivouac ! Et c’est là qu’on utilise la petite pelle !! Un trou un peu à l’écart, à un endroit discret et peu accessible. Et des allumettes pour y brûler le papier avant de refermer !

5. Minimisez les marques du feu



Si et si seulement le feu est autorisé et sans risque (vraiment se renseigner avant…. Si, si, cela peut virer au drame … pour vous et l’espace qui vous entoure !) Utilisez les emplacements ayant déjà servi, favorisez les réchauds ou les feux de petite taille. Faites brûler le bois complètement et dispersez les cendres refroidies, utilisez si possible un sac à feu, là encore, le retour de notre expérience ici.

6. Respectez les autres usagers



En étant respectueux et courtois, en évitant de faire trop de bruit (même si votre joie déborde, oui), la nature est un lieu pour se ressourcer. Après tout, c'est bien cela que nous cherchons en organisant de telles expéditions, non ? Alors on pense à ceux qui passeront derrière nous, toujours, et chacun pourra profiter d’un lieu propre et calme. La quiétude est aussi celle de la nature qui vous accueille. N’oublions pas que nous sommes observés et écoutés. Sachons garder la bonne distance sonore aussi pour ne pas effrayer nos hôtes ! De même, pour vos lanternes et autres frontales. N’abusez pas… La nuit a ses habitants ! Pensez à réduire les nuisances lumineuses, vous en profiterez encore mieux, à commencer par le ciel étoilé !

7. Point d’arrivée : Respectez la vie sauvage



Grâce à vos yeux aguerris (ou mieux ! Une bonne paire de jumelles !) vous pourrez observer la faune... Oui. Mais à distance ! Ne tentez pas d'improviser une course poursuite avec vos amis les animaux sauvages. De même, votre nourriture reste la vôtre, pas la leur. Cela pourrait avoir des effets néfastes sur leur santé et altérer à terme leur comportement.

7+. Faites de votre périple une collecte de données environnementale



Parce qu'on ne peut s'empêcher de penser "Acquisition de données", c'est peut-être un toc, mais il est de notre devoir de vous rappeler que les sciences participatives apportent beaucoup au suivi d'espèces, et de pollution, au passage. Vous trouverez la liste des programmes de suivis ici. Évidemment, vous y trouverez La Pagaie Sauvage dans la liste des observatoires, et nous ne vous incitons pas du tout à faire de prélèvements, mais alors, du tout ! (C'est faux). Vous pouvez d'ailleurs zieuter l'agenda des ExépSauvages. L'année 2022 s'annonce expéditive dans le bon sens du terme !

8 – Ultime réflexe



Ne laissez pas de trace non plus…. sur le net ! Et oui, s’il y a bien une donnée à ne pas partager et à préserver c’est bien celle de votre lieu de bivouac ! Même dans les règles, un lieu de bivouac c’est de l’or en barre et c’est top secret ! Sinon, imaginez la suite…. Demain, et après-demain… Pas sûr que votre hôte d’un soir apprécie la répétition ! Allez, soyez chouette : aucune trace on vous dit -;) !