Dans le cadre du suivi participatif
« Observatoire des microplastiques : Réseau de surveillance citoyenne », la mesure de la vitesse d’écoulement des cours d’eau est une étape cruciale. Aujourd’hui, le protocole utilisé par le laboratoire citoyen repose sur une méthode simple et accessible : le flotteur de surface. Cette méthode, facile à mettre en œuvre sans équipement coûteux, présente toutefois des biais systématiques, en particulier dans les zones à faible pente ou à écoulement turbulent. Ces biais ne posent pas de problème en soi — à condition d’en avoir conscience et de les intégrer dans l’interprétation des résultats.
👉 Quelle est la marge d’erreur associée à une mesure participative du courant ?
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Entre accessibilité et rigueur
Ce questionnement met en lumière un dilemme récurrent dans les sciences citoyennes : comment concilier la simplicité des outils avec l’exigence de précision ?
La réponse n’est pas toujours évidente. La rigueur scientifique impose des protocoles normés, souvent coûteux et techniques, tandis que la participation repose sur l’autonomie des citoyens, la créativité et l’adaptabilité. Pour objectiver ces limites, nous avons décidé de comparer plusieurs méthodes de mesure du courant à une valeur de référence obtenue à l’aide d’un courantomètre électromagnétique, un appareil de haute précision mais peu accessible (plusieurs milliers d’euros).
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Phase expérimentale
Cette expérimentation a été l’occasion d’un travail d’innovation low-tech. Plusieurs méthodes ont été sélectionnées, testées et comparées :
• Le flotteur de surface, actuellement utilisé dans notre protocole ;
• Un flotteur à fil déroulant, permettant de mesurer le temps de trajet avec plus de constance ;
• Une perche vélocimétrique (outil semi-artisanal inspiré des dispositifs professionnels) ;
• L’analyse vidéo par logiciel libre Tracker (LSPIV – Large Scale Particle Image Velocimetry), une technique issue de la recherche en hydrologie.
Chaque outil répond à une logique différente et permet d’explorer le compromis entre coût, précision et faisabilité.
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Une campagne de terrain multi-sites
Plusieurs sites ont été identifiés pour tester ces outils en conditions variées :
➡ L’Adour, La Nive, le Maharin et l’Aritxague.
Ces rivières et ruisseaux présentent des profils contrastés — en termes de largeur, de profondeur, de turbulence ou d'aménagement — permettant d’étudier la performance des outils dans des conditions représentatives du terrain.
Chaque site a été instrumenté pour collecter des données synchronisées à l’aide des différents outils. Le but : calculer, pour chaque méthode, un écart type moyen et une marge d’erreur relative par rapport à la mesure de référence.
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Ces données permettront de :
• quantifier les écarts méthodologiques,
• ajuster les consignes de mesure pour les volontaires,
• et, à terme, proposer des corrections simples ou des outils alternatifs à intégrer au protocole de terrain.
Au-delà des chiffres, ce projet interroge aussi la place de l’erreur dans la science citoyenne. Il montre qu’avec une méthodologie adaptée, des moyens simples et une curiosité bien placée, il est possible d’aller plus loin dans la fiabilité sans renoncer à la participation.